18/08/2014
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Le pont Long Bien : témoin de l’histoire hanoïenne

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Le pont Long Bien (Source: VNA) |
Le pont Long Bien,
anciennement pont Paul-Doumer a été construit par l’entreprise française
Daydé & Pillé de 1898 à 1902. D’une longueur totale de 1680 m, il
était à cette époque le pont le plus long de l’Indochine. Symbole de la
colonisation française au Vietnam, cet ouvrage d’art constitue
aujourd’hui un trait d’union entre le passé et le présent. Découvrons-le
à travers les documents historiques laissés par les Français.
Aujourd’hui, bien que les voitures et les camions ne puissent plus
emprunter ce pont, la circulation reste très dense avec les trains, les
piétons, les vélos et les motos. Parmi les personnes qui passent tous
les jours par ce pont, beaucoup se demandent comment il a été construit.
En fait, les traces de l’année de la construction et des noms des
créateurs sont encore visibles sur la butée du pont. C’est Paul Doumer,
le gouverneur général de l’Indochine à cette époque qui a fait
construire cette structure métallique originale. La conception de
l’entreprise Daydé & Pillé a été choisie. D’un montant de 6 200 000
francs de l’époque, Long Bien était le premier pont en acier enjambant
le fleuve Rouge.
Le Huy Tuan, du Centre d’archives
national numéro 1 explique : « Il s’agissait d’un ouvrage
d’infrastructure important permettant la circulation de personnes et
surtout de marchandises de Hanoi, du centre du delta du fleuve Rouge
vers d’autres régions du Nord Vietnam comme Hai Phong et vice versa.
Grand promoteur des transports ferroviaires, le gouverneur général de
l’Indochine Paul Doumer a plus que quiconque compris l’importance de ce
pont. Auparavant, les marchandises étaient transportées par bacs. Au
début, le pont a été conçu pour le transport ferroviaire mais on
prévoyait aussi une voie routière sur ce pont. Une offre a été lancée
attirant la participation de six sociétés françaises dont Daydé &
Pillé fut le vainqueur ».
Le pont fut officiellement mis
en service en 1903, quatre ans après le lancement de son chantier. Le
premier train transporta l'empereur Thanh Thai et le gouverneur général
de l’Indochine Paul Doumer de la gare de Hanoi jusqu’au pont pour
l’inaugurer et ce, en présence de milliers de Hanoïens. Après ce
jour-là, le pont le plus long de l’Indochine fut alors appelé « pont
Paul Doumer ». Le gouverneur général de l’Indochine décida d’ouvrir une
ligne ferroviaire reliant Hanoi à sa périphérie et à la région
frontalière avec la Chine. Dès ce moment, l’embarcadère au bord du
fleuve Rouge cessa de fonctionner. Les gens pouvaient emprunter le pont
Long Bien même en saison des crues. Le pont permit aussi aux Français
d’accélérer leurs exploitations coloniales dans le Nord Vietnam.
En juillet 1945, Tran Van Lai, le maire d'alors de Hanoi, décida de
nommer ce pont « pont Long Biên », Long Bien étant le nom d'un quartier
périphérique de Hanoï sur la rive gauche du fleuve Rouge. Nom qu'il a
gardé jusqu'à aujourd'hui. Vu Van Thin, un Hanoïen qui est très attaché à
ce pont estime : « Pour moi, le pont Long Bien est le plus beau et le
plus romantique. Son architecture est très originale. Il est en forme de
dragon. Une fois restauré, il deviendra un ouvrage sans égal dans la
région ».
Au début, ce pont était seulement accessible
aux vélos, aux trains et aux piétons. 20 ans après, deux pistes
routières de 2 m de largeur furent ajoutées. La circulation sur le pont
fut alors définie d’une manière assez détaillée et scientifique. Par
exemple : les piétons marchent sur la piste qui leur est réservée et
selon le sens inverse à celui d’autres véhicules. La vitesse autorisée
est de 15 km/h. Il est interdit d’allumer des feux sur le pont...
À cette époque, le numéro 387 du bulletin hebdomadaire « L’Éveil
économique de l’Indochine » avait rapporté qu’un deuxième pont enjambant
le fleuve Rouge serait construit. Cependant, ce projet n’a jamais été
réalisé en raison de la fin de la colonisation française en 1954. Cette
idée a, plus tard, inspiré les décideurs de la capitale.
« Ce pont est sans aucun doute le symbole de la colonisation française
au Vietnam mais il facilite quand même la circulation de la population.
Il était dans le passé un axe stratégique de notre pays. Ainsi, nous
devons préserver cet ouvrage culturel et ce lieu chargé d’histoire. En
1955, les Français se sont retirés de Hanoi en empruntant ce pont pour
aller à Hai Phong », a rappelé Le Huy Tuan, du Centre des archives
national numéro 1.
Hanoi possède aujourd’hui d’autres
ponts enjambant le fleuve Rouge : Chuong Duong, Thang Long, Thanh Tri,
Vinh Tuy ou encore Nhat Tan..., mais les Hanoïens restent très attachés
au pont Long Bien qui constitue toujours une promenade privilégiée leur
permettant de contempler le Fleuve rouge en toute tranquilité et de
sentir les effluves du passé. -VOV/VNA